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  Accueil > Pages Pro > Réalisations > Mémoire d'IEP : La femme, à travers les femmes des trois monothéismes  
La femme, à travers les femmes des trois monothéismes
Mémoire sous la direction du Professeur Bruno Etienne, IEP Aix, 2000
     
Introduction

 

 


On prétend qu'André Malraux aurait dit un jour : " le vingt-et-unième siècle sera religieux ou ne sera pas ". On comprend cette affirmation lorsqu'on observe la société occidentale contemporaine. Malgré le règne du temps, de la vitesse et du changement, malgré la " société du spectacle " chère à Guy Debord, les questions essentielles demeurent. L'agitation contemporaine n'est qu'un divertissement pascalien.

Ces questions n'ont pas d'âge, elle sont nées avec l'Humanité : l'homme est devenu Homme quand il a éprouvé ses premières interrogations métaphysiques, lorsqu'il a découvert le transcendant. Le transcendant est multiforme : il peut être religieux, bien sûr, mais encore artistique, ou philosophique… Le transcendant, ce qui devrait être littéralement 'supérieur à l'humain', représente en réalité ce qu'il y a de plus humain, le génie, l'intelligence.

C'est parce qu'il était intelligent, parce qu'il avait du génie, que l'homo sapiens sapiens - " l'homme qui sait qu'il sait " - a cherché à expliquer ce qu'il ne parvenait pas à comprendre. C'est cette lueur de génie, ces premières questions métaphysiques, qui ont donné naissance au religieux, avec la création des premiers rituels mortuaires, à l'art, avec les peintures rupestres artistico-mystiques, et à la philosophie, avec l'emploi toujours constant de la réflexion personnelle.
Pour les archéologues, les premières interrogations religieuses ont trente mille ans. Depuis trente mille ans, le fait religieux s'est développé, s'est complexifié. Les questionnements ont donné naissance à des explications, des mythes, accompagnés d'un rituel et d'une symbolique particuliers. Ces explications religieuses elles-mêmes, ont donné naissance à de véritables religions.

La société occidentale contemporaine est l'héritière directe de la culture méditerranéenne. C'est cette culture géographiquement délimitée qui s'est peu à peu diffusée à l'échelle mondiale, à la faveur des conquêtes impériales ou coloniales. Or cette culture a donné naissance à une forme particulière de manifestation religieuse : le monothéisme, la croyance non pas en un panthéon comme c'est le cas dans la plupart des cultures mondiales, mais en un seul Dieu. Trois grandes religions, trois grands monothéismes ont vu le jour au sein de cette culture méditerranéenne, ce sont les religions juive, chrétienne, puis musulmane, considérées dans leur sens le plus large, chaque religion représentant en fait une réalité multiforme (il n'existe pas à proprement parler une seule religion juive, une seule religion chrétienne et une seule religion musulmane).

Dans son acception moderne, la religion désigne essentiellement une institution, une organisation sociale qui structure la société en orientant les individus. La religion est " l'attitude intellectuelle et morale qui résulte de la reconnaissance par l'être humain d'un pouvoir ou d'un principe supérieur de qui dépend sa destinée et à qui obéissance et respect sont dus, en conformité avec un modèle social, qui peut constituer une règle de vie " .

On remarque que le religieux est globalisant : alors qu'historiquement, il n'est apparu que pour répondre à certaines questions personnelles précises, il s'est progressivement développé, il a envahi tous les domaines du social pour devenir omniprésent et même souvent omnipotent. Le religieux est devenu la référence obligée pour chacun, il ne sert plus à répondre à certaines questions, tous les thèmes humains doivent être mesurés à l'aune de la doctrine émanant des institutions religieuses.

Les textes fondateurs des trois monothéismes sont assez différents. La Bible juive, la Bible chrétienne et le Coran, ces textes qui doivent servir de support à tous les croyants pour orienter leur existence et leurs comportements sociaux, ces textes sont différents. Mais ces trois textes indiquent des règles que chaque fidèle se doit de respecter. En plus de ces règles concrètes, les textes juif et chrétien présentent des 'histoires', des saynètes souvent historiques, visant à montrer les comportements que chacun se doit d'adopter, la voie juste.

C'est ainsi que tout homme se définira à travers les règles qui concernent dans les Textes la gente masculine, à travers les exemples de personnages masculins qui figurent dans les textes religieux. L'Homme se définira ainsi à travers les hommes des trois monothéismes. De la même façon, la Femme se définira à travers les femmes des trois monothéismes.

Mais c'est alors que surgit un écueil pour les femmes. Les trois religions monothéistes sont réputées " patriarcales " ; ce sont des monothéismes, des religions à Dieu unique, mais on affirme généralement que ce Dieu unique est un " Dieu père ". Les femmes modernes peuvent-elles se définir, se retrouver, à travers les règles religieuses patriarcales ou à travers des personnages comme Eve la pécheresse, Dalila la traîtresse ou Salomé la cruelle tentatrice ?

Les femmes modernes considèrent généralement qu'elles ne peuvent adhérer à des religions qui légitiment et instituent même la domination masculine sur le Féminin. Elles refusent le statut que ces religions leur réservent, un statut de femmes toujours obéissantes au référant viril, qu'il soit père, frère, époux ou fils.

Dans la société moderne, les religions monothéistes sont donc présentées comme les créatrices et de ce fait les protectrices de l'ordre patriarcal, de la domination masculine sur les femmes. C'est pourquoi une sourde opposition s'est engagée, une lutte féministe et féminine pour la libération des femmes de l'emprise du Viril a commencé. Cette lutte pour obtenir une stricte égalité dans tous les domaines entre hommes et femmes, vise bien sûr les institutions religieuses, puisque ces dernières sont sensées être les instigatrices du Patriarcat. Dans cette logique, la suppression de toute domination masculine conduira nécessairement à l'anéantissement des trois monothéismes, puisque le Patriarcat semble être un soubassement idéologique essentiel dans ces religions.

Et pourtant, la domination masculine est-elle vraiment inhérente et nécessaire aux trois monothéismes ? On peut douter de cette affirmation catégorique.

Il est au contraire possible de formuler l'hypothèse que l'infériorité de la femme par rapport à l'homme n'est pas un héritage du statut de la femme issu des religions monothéistes, mais résulte plutôt d'un fait historique et culturel daté, qui a lui même conduit à une interprétation particulière et partiale des textes, interprétation aujourd'hui remise en cause.

Il faudrait donc présenter une vision globale de la question de l'infériorité de la femme par rapport à l'homme. Un tel travail est très vaste, il peut amener à des recherches érudites sans fin. Pour le traiter d'une manière vraiment scientifique, pour que l'étude soit exhaustive, il faudrait connaître certaines langues antiques, plonger dans la théologie pure, se référer à une multitude d'ouvrages souvent difficiles d'accès… On peut pourtant tenter d'expliquer la domination masculine en limitant les sources documentaires aux grands textes religieux essentiellement, complétés par quelques références à certains ouvrages fondamentaux, comme le Talmud, le Midrash, le Zohar, les recueils de hadiths, la Charia, ou les catéchismes…

A l'aide de ces sources documentaires, nécessairement réduites, il sera donc possible de présenter un panorama global de la domination masculine, en trois temps.

Il s'agira d'abord de montrer que la source de cette conception réside dans le combat victorieux des tenants du divin masculin sur les tenants du divin féminin, un combat historiquement daté et géographiquement situé.

Il faudra ensuite souligner la prégnance de ces préjugés culturels qui conduiront à l'avortement des mouvements de libération de la femme - mouvements pourtant limités - mis en œuvre par les trois monothéismes naissants.

Il s'agira enfin d'évoquer la reféminisation contemporaine du religieux, exigée et progressivement obtenue par les femmes contemporaines émancipées.

     
Sommaire    


Introduction


Titre I. A la source de l'infériorité de la femme par rapport à l'homme : le combat victorieux des tenants du divin masculin sur les tenants du divin féminin.

A. La Déesse Mère et son culte.
1. Naissance du Divin, le Divin féminin.
2. Héritages du culte de cette Déesse Mère dans les religions monothéistes.

B. La victoire des tenants du Viril et la démonisation du féminin.
1. Les avancées de la symbolique du Viril et sa victoire.
2. Héritages de la démonisation du féminin dans les religions monothéistes.


Titre II. Le Patriarcat des religions monothéistes : une libération limitée de la femme, avortée par la prégnance des préjugés culturels.

A. La femme dans le patriarcat.
1. La femme dans le cadre familial : des " normes " à observer.
2. La femme dans la société entre tutelle et émancipation patriarcale.

B. Une libération effective mais limitée.
1. Une libération effective.
2. Une libération limitée.


Titre III. La reféminisation contemporaine du religieux.

A. Une reféminisation populaire.
1. L'émancipation féminine, une émancipation paradoxale.
2. De nouvelles pratiques, parfois en opposition avec la 'doxa'.

B. La reféminisation institutionnelle.
1. Des institutions religieuses patriarcales.
2. La place des femmes dans les institutions religieuses.


Conclusion.

 
 
Mathieu SCRIVAT

scrivat@hotmail.com
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